Laos : conte Le riz, les animaux et les humains ນິທານເຂົ້າ, ມະນຸດ ແລະ ສັດ

La terre arable d’Anachack Lanexang, devenue la RDP Lao depuis le 2 décembre 1975, est occupée majoritairement par la riziculture, qu’elle soit pratiquée sur brûlis ou en inondée et, selon des chiffres de différentes institutions spécialisées en 2009 (FAO, agropolis.fr, atlaseco, wikipedia), plus de 70% des terres cultivées sont consacrées à la plantation du riz. Pas étonnant, donc, que contes et légendes fleurissent depuis toujours au gré des saisons ou des zones géographiques régionales. Et si le conte Nang Khosop (Dame Khosop, ນາງໂກສົບ ou ນາງໂຄສົບ) ou Mè Khosop (Mère Khosop ແມ່ໂຄສົບ) se trouvait à la base de la riziculture, d’autres mettant en scène des animaux (chien, cochon, buffle etc.) se révélaient tout aussi indispensables à l’existence du riz sur terre.

En écrivant ces lignes, je me revois assis sur un bout de bois, ou parfois sur une chaise basse fabriquée par mes soins (Tàng ຕັ່ງ), à côté de ma grand-mère, l’écoutant raconter les histoires extraordinaires des contes et légendes du pays lao, autour d’un petit feu où cuisaient taro, patate douce, poisson ou même parfois des Banc khaolam (ບັ້ງເຂົ້າຫລາມ. Un dessert à base de riz gluant, de taro, de lait de coco et de sucre cuit dans un jeune tronc de bambou). Les yeux émerveillés, le cœur palpitant et l’imagination dans les étoiles. Respect et reconnaissance infinis, mamie, affectueusement surnommée Mè Gnai (ແມ່ໃຫຍ່), pour cette transmission de notre belle culture…

Un chien à neuf queues

Il était une fois il y a longtemps, il y a très très longtemps, les animaux pouvaient parler et discuter d’égal à égal avec les humains, se déplacer au Ciel et consommaient du riz comme les êtres humains. Du riz céleste, forcément, qui se rendait de lui-même des rizières jusqu’au grenier, une fois mûr. Jusqu’au jour où une veuve irascible (Pottier), une femme paresseuse (Wikisource), une femme néfaste (Poiré-Maspero), ou un homme insouciant, faisant la sieste et ne balayant devant sa maison qu’au moment de l’arrivée des grains nourriciers, pour mettre fin à cette existence d’abondance et de félicité. Si ces comportements inappropriés ont provoqué la disparition du riz céleste, ce sont les calamités naturelles (inondation, sécheresse) qui avaient fait disparaître totalement le riz provoquant alors famine, désolation et misère sur terre. D’où l’intérêt des différents contes ayant pour acteurs des animaux, parfois même des oiseaux, et relatés avec tant d’amour par ma grand-mère…

Un chien teste les transports en commun… (Photo: Malayphone Keochanthala)

Le chien occupe le rôle principal dans plusieurs de ces contes de l’aire géographique t’ai-lao, et même en Chine du sud. « Vous comprenez mieux, maintenant, pourquoi le chien est le seul animal domestique à porter le surnom de ‘meilleur ami de l’homme’, à manger du riz et à vivre avec les humains ! Vous verrez qu’il symbolise à merveille les deux faces, bonté/méchanceté, le bien/le mal, inhérents à chaque être, comme le jour et la nuit qui sont inséparables depuis toujours », remarqua Mè Gnai.

Comme l’a si bien souligné ma grand-mère, plusieurs variétés de chiens -à l’image des humains donc- sont représentées dans ces contes. Comme ce chien aux poils touffus et possédant pas moins de neuf queues qui, un jour, s’était porté volontaire pour aller voler au Ciel des grains de riz. « Avec mes poils et mes queues, il me suffirait de me rouler dans le grenier céleste pour rapporter sur terre des semences alors que vous, humains et cochons, devriez les transporter dans un sac, un cabas, ce qui mettrait fin au caractère secret de notre mission », dit-il lors d’une réunion avec des humains et des cochons, ces deux derniers étant chargés de préparer les rizières pour qu’elles soient fin prêtes à accueillir les semences de riz. Au bout de deux mois de périple, le chien était de retour et se rendait dans les parcelles préparées pour les semences. En secouant ses queues et son corps, le travail était accompli.

Un chien surveille les bananes de sa maîtresse (Photo: Phonemy Keochanthala)

Cupidité et dispute

Mais l’entente cordiale, née de la nécessité de pratiquer la riziculture après la fin du riz céleste transporté par des tourbillons (Lom houakoud ລົມຫົວກຸດ en Lao​) à la suite des insultes proférées contre Phagna Thène (ພະຍາແຖນ, du Chinois Thiari) par une femme divorcée dont le grenier n’était pas prêt, prit fin dès la moisson. Chacun des trois protagonistes estimait, en effet, que sa contribution était la plus importante et méritait par conséquent la plus grosse part de la récolte. Un début de dispute s’en suivait.

« J’ai fait la partie la plus difficile et de loin la plus dangereuse. Si Phagna Thène m’avait attrapé, je serais déjà mort », argumentait le chien.

« Certes, mais vous avez vu tout ce que j’ai dû faire, avec mon groin, pour transformer un champ en rizière », lui rétorquait le cochon.

« Et moi alors. Vous vous rendez compte de tout ce qui m’incombait avant que nous tous ne puissions calmer notre faim avec le riz. J’ai dû construire des diguettes, faire le repiquage, s’occuper des jeunes pousses, faire la moisson, transporter le paddy au village, le décortiquer avant de le faire cuire… », détaillait l’humain.

Leur interminable dispute parvenait jusqu’aux oreilles de Phagna Thène qui, voyant que les humains, les chiens et les cochons avaient collaboré pour pratiquer la riziculture, les convoqua au Ciel.

Des buffles utilisés comme moyen de locomotion (Peinture de Khuamhoù Hobtua)

Et chacun de vanter ses (grands) mérites respectifs dans la mise en place de la culture du riz. Pour en avoir le cœur net, le Dieu céleste envoyait l’un de ses collaborateurs inspecter les rizières où il ne voyait que des traces du chien dans la mesure où celui-ci était le dernier à passer dans les parcelles labourées pour y semer des grains de riz. Mais avant de rendre son jugement, Phagna Thène s’enquerra de l’identité de celui qui avait volé ses grains de riz. « C’est ma petite personne, votre Divinité », dit le chien, condamné à être privé de huit de ses neuf queues tout en ayant droit au riz pour nourriture, tandis que le cochon devait se contenter du son, les deux animaux étant également assujettis au bon-vouloir des humains pour leur subsistance.

Injustice et leçons de vie

Dépité, le cochon s’écria : « Quelle injustice ! C’est le cochon qui travaille dans la rizière, mais c’est le chien qui mange le riz (Mou hed-na Ma kine-khao, ໝູເຮັດນາ ໝາກີນເຂົ້າ). Je ne ferai plus jamais de la riziculture puisque je ne peux pas manger de riz… »

Depuis lors, les animaux ne parlent plus le même langage que les humais auxquels Phagna Thène avait donné des buffles pour qu’ils puissent continuer à faire pousser le riz et à nourrir l’Humanité. (Nous verrons plus tard que le buffle, être céleste, va connaître lui aussi un sort presque comparable à celui du cochon.)

Au moins, deux ou trois leçons peuvent être tirées de ce conte. Tout d’abord, la fraternité, la solidarité et le partage se révèlent souvent plus bénéfiques et profitables aux membres d’une communauté de destin que la cupidité, l’intérêt personnel et l’amour propre. « Souvenez-vous de cette histoire de la découverte d’un mangoustan par deux jeunes qui prétendent d’une même voix de l’avoir vu le premier. Résultat : ils n’ont eu que la moitié de l’écorce du fruit à manger, les quartiers de chair juteuse et sucrée ayant été pris par une troisième personne qui les a départagés », rappela ma grand-mère, ne manquant aucune occasion de nous transmettre les vraies valeurs de la vie, même si cette dernière malmène, par trop souvent, les plus faibles et les plus démunis.

Mangoustan (Photo: Mahason)

« Ne perdez jamais espoir. Persévérez encore et encore dans la voie juste que vous avez choisie et, un jour, la vie vous le rendra au centuple… », ajouta-t-elle.

Une deuxième leçon serait presque en contradiction avec ce dernier conseil de ma grand-mère et concernerait l’injustice, ou plutôt l’absence d’une vraie justice. Le cochon, qui avait fait consciencieusement sa part de travail, n’a pas été récompensé à la hauteur de ses labeurs. Tant il est vrai que, dans la vie réelle, il ne suffit pas de bien accomplir son travail, il faut surtout le faire savoir et le rendre public. En particulier dans notre société hyper connectée où chaque internaute s’imagine et se prend, un peu trop vite et trop facilement, pour un journaliste ou un grand enquêteur, quitte à distiller sur la Toile de fausses nouvelles ou même de simples rumeurs.

Problèmes raciaux ou début de l’Univers

Nous verrons que, dans d’autres contes, le cochon est vraiment le dindon de la farce, et cette mauvaise réputation colle si bien à l’animal qu’il est désormais synonyme de « victime de duperie » ou de « pigeon » dans le langage populaire des T’ai-Lao. A un jeune homme qui courtise et gâte une jeune fille de bonne société, on lui lance alors, mi-sérieux et mi-moqueur : ​“Fais attention à ne pas devenir le cochon qui va s’occuper d’elle pour quelqu’un d’autre ! » (ລະວັງ ຢ່າກາຍ ເປັນ ໝູ ລ້ຽງເຂົາ ໄວ້ໃຫ້ ຜູ່ອື່ນ ເດີ້ ! Lavang Yakaï Pén Mou Lièng Khao Vay Hay Phou Eun deur !)

On pourra, enfin, esquisser une leçon d’ordre raciale ou sociétale. Dans ce conte, le chien et le cochon pouvaient très bien représenter une classe sociale, tout comme l’être humain et Phagna Thène, qui appartiendraient aux élites et à l’aristocratie, au contraire des deux premiers. Par conséquent, il n’est pas du tout surprenant que Phagna Thène, pourtant censé être juste et impartial, ait finalement accordé la part du lion aux humains. Ou est-ce plus simplement le début de la création de l’Univers avec le Ciel, la Terre, des êtres humains, des animaux et des végétaux ?

Chien dans peinture rupestre du mont Huashan, dans le Guangxi (Photo: Chine immortelle)

Charité mal récompensée

Dans une version racontée depuis plus de 3000 ans dans le Guangxi, région autonome des Zhuang située dans le sud de la Chine, et rapportée par le professeur Soulang Dejvongsa, ancien membre de l’Académie royale du Laos, le chien aux neuf queues vivait au Ciel. Un jour, en regardant vers le monde d’en bas, il éprouvait de la pitié pour les humains qui n’avaient alors que des légumes et des tubercules à manger pour vivre. Après avoir subtilisé des semences de riz, le chien prenait la direction de la Terre, mais un Thévada (ເທວະດາ, du Pâli devata) découvrit le pot-au-rose et lui lança une roue, tranchant l’une de ses queues.

Parvenu sur terre, le chien aux désormais huit queues distribuait aux humains les grains de riz, leur apprenait aussi les rudiments de la riziculture ainsi que les différentes méthodes de cuisson de ce don du Ciel. Hélas pour le chien, une fois les techniques de la riziculture maîtrisées, les humains ne lui témoignaient aucune reconnaissance, les écartant de la table au moment de manger, leur lançant des boulettes de riz gluant que les chiens doivent attraper au vol afin de ne pas les voir tomber par terre. Les canidés les plus chanceux héritent de maîtres/maîtresses généreux et prévenants, leur servant de vrais repas, tandis que les autres, en particulier les chiens errants, doivent livrer une bataille continuelle avec leurs semblables pour un bout d’os, des restes de nourriture ou même des excréments humains.

Buffle tirant la charrue (Photo: B. Phommavong)

Le cobra et le paysan

Une sagesse laotienne résume parfaitement la problématique des êtres malmenés par le sort ou la naissance : « Il valait mieux être l’esclave des notables et des princes. Il était préférable d’être un chien vivant dans une pagode. » (ຄັນ ຕົກເປັນຂ້ອຍ ໃຫ້ ເປັນ ຂ້ອຍພະຍາ ຄັນ ຕົກເປັນໝາ ໃຫ້ ເປັນ ໝາວັດ. Pénh Khoy Phaya, Pénh Mà Vat). Autrement dit : même en cas de grandes difficultés et de disette, il y aurait toujours davantage à manger chez les puissants et les riches, tout comme dans une pagode, que parmi le reste de la population.

Triste sort que celui du chien, condamné à rester dans le monde des humains pas vraiment reconnaissants, parce qu’il ne peut plus regagner le Ciel à cause de son larcin, commis par pitié pour les…. êtres humains ! La morale de cette version des Zhuang se rapproche donc de la deuxième leçon du conte précédent. A savoir qu’une bonne action ne débouche pas toujours sur un résultat positif ou sur un bénéfice quelconque pour son auteur. Au contraire.

Un dresseur et son cobra royal (Photo: lepetitjournal.com))

« Souvenez-vous de l’histoire du cobra, transit de froid et sauvé de la mort par un riziculteur. Eh bien, une fois sa force retrouvée, il est redevenu bête sauvage et n’a rien trouvé de mieux pour remercier son sauver que de le mordre… », avertit ma grand-mère. Je n’avais découvert la fable de La Fontaine (Le villageois et le serpent) que beaucoup plus tard, au cours de mes années de collégien.

Mince consolation pour le chien aux neuf queues : il est vénéré par les Zhuang et a droit à des peintures rupestres sur les falaises du mont Huashan, dans le Guangxi, depuis plus de 2000 ans.

Un chien malhonnête et égoïste

Dans une version intitulée « Chien et cochon’’, un conteur thaïlandais a parfaitement illustré la célèbre expression « Mou hed-na Ma kine-khao » (ໝູເຮັດນາ ໝາກີນເຂົ້າ​ ou le cochon s’occupe des travaux de la riziculture, le chien mange du riz). Un paysan, qui élève un chien et un cochon pour l’assister dans sa vie quotidienne, doit se rendre un jour en ville et a naturellement chargé ses deux enfants de travailler dans la rizière en son absence.

« Tâchez de terminer les labours à mon retour », leur dit-il.

– Oui, père, leur répondirent en chœur chien et cochon.

Les deux compères se rendirent donc d’un même pas alerte aux rizières. Sitôt arrivés, le chien remarqua : « Notre champ est immense. Pourquoi ne pas se le partager en deux, une moitié pour toi et l’autre moitié pour moi. Vas-y en premier et fais-le moi savoir dès que t’auras terminé ta parcelle… »

Alors que le cochon s’acharnait à retourner la terre et à labourer les rizières, le chien se reposait tranquillement. « Chien, j’ai terminé ma moitié. A toi maintenant d’y aller… »

Oh là là, j’ai un mal de tête terrible. Tu ne peux pas continuer à labourer ?

Alors, compatissant envers son compagnon, le cochon se remettait au travail et lorsqu’il avait presque terminé la moitié du chien, l’interpella : « Alors, Chien, comment te sens-tu ? J’ai presque terminé ta moitié. »

« J’ai des maux d’estomac. Te sera-t-il possible de continuer encore un peu, s’il-te plaît ? »

« Hé chien, j’ai terminé ma moitié… » (Photo: Andrea A)

Et revoilà le cochon retournant, à la force de son groin, la terre jusqu’à l’accomplissement complet de la tâche confiée par le riziculteur.

« Chien, j’ai tout terminé. Comment te sens-tu maintenant ? »

T’as tout fait, complètement, c’est vrai ? Alors, je me sens bien mieux maintenant. Pourquoi ne te reposes-tu pas un peu pendant que j’aille faire un peu d’exercice tout autour de notre rizière ?

Etre charitable, oui, mais

De retour à son domicile, le paysan demanda des nouvelles de l’avancement des travaux au champs. « J’ai fait tout le travail, père. Et j’ai des courbatures un peu partout… », clama fièrement le chien.

Comment ! C’est moi qui ai tout fait, le chien n’a rien fait du tout, il faisait la sieste toute la journée !, rétorqua le cochon.

« Mais non, c’est bien moi qui me suis occupé de labourer toute la rizière. Le cochon dormait jusqu’à ce que je le réveille pour rentrer à la maison… »

Un début de dispute s’en suivit, le fermier, très embêté, proposa alors à ses deux enfants d’aller voir sur place afin de constater qui du chien ou du cochon disait la vérité.

« Regarde, père, mes empreintes se trouvent partout… », dit le chien.

Effectivement, les empreintes du chien se voient partout (puisqu’il s’était promené de long en large à travers les rizières une fois le travail des labours effectués par le cochon), acquiesça le fermier. Où sont tes empreintes, cochon ?

Où sont mes traces de pas ? répéta tristement le cochon.

Cochon, tu es un fainéant et un menteur. A partir de maintenant, tu devras manger du son et vivre dans la boue, trancha le fermier. Quant à toi le chien, tu es studieux et travailleur et pourra donc consommer du riz et tout ce que je mangerai. De plus, tu pourras habiter dans la maison avec moi. »

De ces trois contes, La Fontaine dira très sagement et avec justesse qu’« Il est bon d’être charitable. Mais envers qui ? C’est là le point… »

Don de la Nature…

En revanche, le chien de cette légende du sud de la Chine se comportait bien comme le « meilleur ami de l’homme » : il ne parlait pas, ne cherchait pas à duper quiconque, et était simplement le transporteur des grains de riz et, par conséquent, le sauveur de l’humanité. Dans un village dévasté par la plus grande famine de tous les temps à la suite d’une terrible inondation, les humains n’avaient plus rien à manger après avoir épuisé leurs stocks de nourriture et les rares racines et feuilles. Un jour, un chien arriva au village en traînant au bout de sa queue de grandes gerbes de longues pousses jaunes. Les villageois s’en saisirent et plantèrent ces curieuses pousses qui leur donnèrent par la suite du riz. La famine était vaincue et l’humanité sauvée de la disparition grâce à ce « don de la Nature aux humains », puisque personne ne sut d’où venait ce chien et où il avait trouvé ces longues pousses jaunes (sans doute de jeunes plants destinés à être repiqués ou ກ້າ en Lao). On ignora également qui lui avait donné ces jeunes plants porteurs de vie…

Arrachage et préparation des jeunes plants de riz (Photo: Banebane)

Chez les Tibétains du Sichuan, dans le sud-ouest de la Chine, le chien s’était montré d’un très grand courage et d’une incroyable ténacité pour éviter aux humains d’être privés de l’essence de la vie en s’agrippant à la jambe du Dieu du ciel, le suppliant en pleurant pour qu’il lui laisse quelques grains de riz. Ce qu’il fit par pitié et bonté. Le Dieu du ciel était descendu reprendre les céréales données aux humains afin de les punir de ne pas s’être montrés reconnaissants envers ce don de la nature (ils utilisaient les tiges et feuilles du riz pour se nettoyer après avoir déféqué !). Le chien avait ensuite cédé aux humains les céréales célestes.

Si le chien occupe une grande place dans les contes et légendes des territoires producteurs et consommateurs de riz, d’autres animaux, comme le buffle, les oiseaux ou le poisson (CF. le conte de Nang Khosop ou Mè Khosop https://laosmonamour.wordpress.com/2021/11/11/laos-conte-de-nang-khosop-ou-me-khosop-) jouaient aussi un rôle important parce qu’ils font également partie intégrante du paysage culturel et social de ces zones.

Un repas tous les trois jours

Ainsi, le buffle, donné aux humains par Phagna Thène (CF. supra) pour remplacer le cochon dans les travaux de labours, vivait au Ciel et consommait du riz céleste sans avoir à se soucier de son sort. Mais un jour, il décida, à l’instar du chien aux neuf queues des Zhuang, d’aller sur Terre pour donner aux humains grains de riz et conseils pratiques pour la riziculture (labourer, herser, semer des grains, arracher les jeunes plants, les repiquer, les entretenir, moissonner, etc.). Mais, le buffle avait ensuite été utilisé par les humains pour les labours et comme bête de somme (transport du paddy jusqu’au grenier), ne lui donnant à manger que de l’herbe ou du foin. « Et quand il parvenait à voler quelques épis, de-ci de-là, les hommes le frappent sans éprouver ni pitié, ni compassion alors qu’il a grandement contribué à les faire pousser », note Achanh Soulang Dejvongsa.

Dans un autre variant, le buffle avait même le rang de Phagna (Seigneur), tout comme Phagna Thène, le Dieu céleste. Un jour, ce dernier s’apercevait des malheurs des humains sur terre qui, malgré la prise d’un seul repas quotidien, souffraient de la disette et des privations. Alors, il chargea Phagna Khuaai (Seigneur Buffle) d’aller dire aux humains de ne manger qu’une fois tous les trois jours s’ils voulaient s’en sortir. Très fier de cette mission de confiance et sans doute imbu de soi-même, Phagna Khuaai lança alors avec vanité aux humains : « Ecoutez-moi bien les humains. Phagna Thène m’a chargé de vous transmettre un message très important. Désormais, vous devez manger trois fois par jour. M’avez-vous bien compris ? »

Phagna Thène parle aux buffles (Illustration: Nithane Lao)

Oui, oui, nous avons bien compris, votre Seigneur.

De retour au Ciel, Phagna Khuaai faisait son rapport à Phagna Thène qui l’interrogea : « Les humains ont-ils bien compris mon message ? »

– Oui, votre divinité céleste. Ils ont dit qu’ils allaient appliquer les consignes de Phagna Thène.

« Bien, bien. Qu’avez-vous dit, au juste, aux humains pour qu’ils obtempèrent si facilement ? »

– Je leur ai dit de prendre trois repas par jour…

« Mais, espèce d’idiot ! En ne prenant qu’un seul repas par jour, les humains éprouvent déjà d’énormes difficultés à joindre les deux bouts. Je t’avais demandé de leur dire de ne manger qu’une fois tous les trois jours. Où est-ce qu’ils vont trouver du riz maintenant… »

Les buffles exilés sur terre

Furieux et vexé de n’avoir pas été bien compris par Phagna Khuaai, le Dieu céleste ordonna à tous les buffles de quitter le Ciel et de descendre sur terre pour aider les humains à travailler dans les rizières. Et saison après saison, les buffles tiraient les charrues et les herses, de durs labeurs qui les fatiguaient et les incommodaient fortement parce qu’ils coulèrent une existence des plus agréables en compagnie de Phagna Thène. Et ils râlaient et ils pestaient contre les paysans tout en contestant ouvertement leurs décisions. De guerre lasse, les humains se rendirent au Ciel pour informer les Thène du comportement rebelle des buffles.

« Vous autres humains, si les buffles se rebellent de nouveau contre vous et se rechignent à vous aider dans les travaux de la riziculture, frappez-les à la bouche avec un gros pilon afin qu’ils ne puissent plus parler et contester vos décisions », trancha le Dieu céleste, soucieux avant tout du bien-être des humains qui risquaient de manquer de riz, et de disparaître, si les buffles ne participaient pas activement et avec docilité aux travaux de la riziculture.

« Frappez le buffle à la bouche… » (Illustration: Nithane Lao)

De retour sur terre, les humains appliquèrent les recommandations de Phagna Thène et frappèrent les buffles à la bouche, détruisant par la même occasion la rangée supérieure de leurs dents. Depuis lors, les buffles n’ont plus de dents à l’avant de leur mâchoire supérieure, ne peuvent plus parler et doivent servir docilement leurs maîtres, les humains. Je me souviens avec infiniment d’émotion et de tendresse des liens quasi humains (avec des Baci notamment) que j’entretenais, des années durant, avec le buffle de notre foyer (en fait, c’était mon oncle et les dames de la famille -ma grand-mère, ma tante et ma maman en particulier- qui s’occupaient des travaux de la riziculture, papa étant instituteur). Concernant mon père, CF. https://laosmonamour.wordpress.com/2013/08/20/mon-pere-a-ribute-to-my-beloved-father/. Et aussi de ma tristesse infinie (avec des larmes et des sanglots) lors de notre séparation en raison de son grand âge…

Des oiseaux et du riz

La morale de cette histoire est sans doute comparable au troisième enseignement du premier conte où Phagna Thène, censé pourtant être juste et impartial, prenait fait et cause pour les humains qui appartiennent à la même filiation que lui, au contraire des buffles, des chiens et des cochons. Certes, le buffle a désobéi ou plus exactement n’a pas rempli la mission confiée par le Dieu céleste, mais le fait que ce dernier eut donné un buffle aux humains, en remplacement du cochon rebelle, dans l’un des variants, illustre parfaitement le caractère racial et sociétal de ce conte. D’autant qu’il s’inquiétait personnellement du devenir et de l’existence même des humains sur terre. Certes, la vanité est un vilain défaut. Mais n’est-ce pas la mission -la destinée ?- du buffle que de tirer des charrues et des herses ? Ou parfois même des charrettes. A moins, comme nous l’avons déjà souligné, qu’il ne s’agisse du début de la mise en place de l’Univers avec ses différents mondes (ciel, terre, mer etc.), ses multiples espèces (humaine, animale, végétale etc.) ainsi que ses innombrables règles et lois.

Epis de riz prêts à être moissonnés (Luang Prabang 2011)

En tout cas, les oiseaux furent de parfaits assistants des humains dans l’avènement du riz sur terre. S’ils ne faisaient que picorer d’énormes grains jaunes dans la forêt devant un jeune couple très affaibli et tout près de mourir de faim après avoir décidé de quitter son village, frappé par une interminable famine, ils leur avaient alors montré ce qui était comestible. L’homme et la femme en ramassèrent quelques-uns et, une fois la peau ôtée, virent un très gros grain long, dur, de couleur blanchâtre, qu’ils mâchaient et avalaient. Ils tombaient ensuite dans un sommeil profond, leur estomac n’étant plus habitué à digérer autant de nourriture en une seule occasion. A leur réveil, les deux jeunes gens constatèrent qu’ils n’avaient plus faim et avaient repris des forces. Ils retournèrent à leur village avec une grande quantité d’épis qu’ils distribuèrent aux villageois. Quelques grains furent ensuite jetés à terre où sortirent bientôt de jeunes pousses vertes qui donnèrent des épis dorés, chargés de grains de riz, quelques mois plus tard.  Ce fut le début de la riziculture et la fin d’une famine quasi endémique dans la région qui serait devenue l’actuel Vietnam.

Selon la légende, les grains de riz étaient un cadeau aux humains de l’Empereur de jade, pendant vietnamien du Phagna Thène des T’ai-Lao, pris de pitié devant la misère et la souffrance des peuples du monde d’en bas, et sans doute aussi inquiet à la perspective de la possible disparition d’une race de sa propre filiation. Dans les récits des mythes d’origine, l’Empereur de jade était le créateur des humains qu’il avait envoyés peupler le monde terrestre.

Perroquets en inspecteurs

Chez les T’ai-Lao, justement, des oiseaux avaient également participé à apporter aux humains le riz, source de vie et mère de toute existence. Mais ils avaient été très actifs, ingénieux et doués d’une grande imagination afin de parvenir au but fixé : tromper la vigilance des gardiens d’une forêt céleste et leur voler des grains de riz.

Il était une fois, il y a très longtemps forcément, les humains n’avaient que des légumes, du taro et des racines à manger pour calmer leur faim et vivre. Un jour, ils apprirent la naissance du riz, un aliment très délicieux et capable d’entretenir le corps humain pour qu’il reste sain et fort, dans la forêt Himaphane (ປ່າຫີມະພານ, Pâ Himaphane, littéralement forêt de cajou, mais il s’agissait ici d’une forêt céleste puisqu’elle appartenait à Phagna In ou Indra). De plus, cet aliment donne un bon teint et une longue vie à celle/celui qui le consomme.

Un perroquet à l’atterrissage (Photo: Be Happy)

La rumeur parvint un jour jusqu’aux oreilles de Phagna Muong Manoud (ພະຍາເມືອງມະນຸດ ou seigneur du monde des humains) qui désirait ardemment manger de ce riz céleste, inaccessible aux humains et animaux terrestres. Seuls des oiseaux pouvaient atteindre cette forêt magique. Des réunions s’enchaînaient et des perroquets avaient été dressés et formés pour une visite d’inspection.

« Seigneur, le riz pousse en abondance à Pâ Himaphane, mais il s’avère tout simplement impossible de la quitter avec des grains de riz, les gardes célestes sont d’une grande sévérité et voient tout grâce à leur pouvoir spécial », rapportèrent les perroquets à qui on avait appris à parler le langage des humains.

Des rossignols très imaginatives

Les chefs de toutes les espères d’oiseaux avaient été convoquées au palais et chargées de trouver des volatiles capables à même de réussir ce grand défi et exploit. Un groupe de Nok Pid (ນົກປີດ, une variété de rossignols) se porta volontaire. Prétextant une promenade à la forêt Himaphane, ils subtilisaient des grains de riz en les avalant dans leur gosier (ou sac gulaire) avant de cacher ensuite leur estomac dans l’arrière de leur tête (Ngone ຫງ່ອນ en Lao). Ce subterfuge empêcha les gardiens, toujours aussi sévères et vigilants, de découvrir le larcin. Les Nok Pid ramenaient donc les grains de riz et les offraient au Seigneur des humains.

« Je suis coupable, votre Divinité… » (image_tawwYasiJ8mlaQs94WmHdq)

Ce dernier, très heureux, les distribuait à tous les humains sur terre, point de départ d’innombrables rizières verdoyantes et dorées. Et comme promis, les oiseaux étaient autorisés à picorer dans les champs de riz mûr et à y chasser des insectes. Un jour, en regardant au travers les nuages, Phagna In était tout surpris de voir des rizières remplies d’épis de riz à perte de vue dans le monde d’en bas. Enquête faite, il s’avérait que Nok Pid étaient les auteurs du vol de semences dans la forêt Himaphane. Il les convoqua donc au Ciel pour connaître leurs techniques de dissimulation des grains de riz.

« Votre Divinité, nous avons caché les grains de riz en les avalant jusqu’à notre gosier que nous avions, ensuite, transféré derrière notre tête. Du coup, vos gardiens n’avaient rien trouvé sur nous. »

– Puisque c’est ainsi, vous êtes condamnés à avoir, et pour toujours, votre sac gulaire derrière la tête. Et les humains, qui vous avaient chargés de ce larcin, doivent vous laisser manger du riz mûr dans leurs champs.

Adieu le riz jaune

A Bali, Dewi Sri, la déesse de la fertilité et du riz, avait envoyé, à la demande du Dieu de l’agriculture, quatre de ses oiseaux vers la Terre afin de livrer aux humains quatre variétés de riz, cachées dans les jabots (ໜຽງ Nian) respectifs de la tourterelle (riz blanc), du pigeon noir (riz noir), de l’oiseau sucrier (riz rouge) et de l’oiseau poster (riz jaune). Après leur long trajet, les quatre oiseaux prenaient une pause méritée sur une branche d’arbre sous lequel passaient cinq frères, partis à la chasse. Le cadet, un as de l’arc, tira une flèche et toucha le jabot de l’oiseau poster. Et dès que ce jabot toucha terre, un délicieux parfum embaumait tout l’espace environnant. Les cinq frères se ruaient sur les grains odorants et les mangeaient jusqu’au dernier. Ils jetaient par terre les balles de riz qui, par la suite, donnèrent naissance au safran.

Un plat de riz jaune balinais (Photo: Indonesiatravel.com)

De nos jours, on ne trouve plus à l’état naturel de riz jaune qu’on parvient, malgré tout, à fabriquer en mélangeant du riz blanc avec du… safran, justement !

A Madagascar, un conte des Tanala (sud-est) attribue aussi à un gallinacé la mission de ramener sur terre des grains de riz céleste. Avant de regagner le monde des humains, la fille du Dieu du ciel, en visite chez ses parents avec son mari, demanda à sa mère une poule qu’elle laissait picorer du riz séchant sur une natte. La céréale parvint ainsi sur terre, conservée dans le gésier de la poule, contre l’avis du Dieu du ciel.

Au Sichuan (Chine), les Miao avaient aussi demandé à un volatile, l’oiseau vert, d’aller leur chercher des grains de riz dans les greniers du Dieu céleste. Grâce à ces semences, les champs du Sichuan et des alentours sont depuis lors remplis d’épis de riz et de vie…

Une souris déesse et sauveuse

Enfin, les souris avaient également contribué à la domestication du riz au pays du Soleil levant. Une légende du Japon, alors frappée par une famine de grande ampleur, raconte comment un bonze du temple de Nikko, situé à 140 km au nord de Tokyo et classé au patrimoine mondial de l’Unesco, avait découvert le riz. Intrigué par le manège des souris qui cachaient de petits grains d’une céréale inconnue, il attacha, un jour, un long fil à la patte d’un animal pour suivre son déplacement jusqu’à un pays lointain où poussait en abondance le riz. Il cueillit quelques plants et les introduisit au Japon pour faire ainsi démarrer la riziculture et sauver la population de la famine. Depuis, la souris est vénérée comme une déesse par les Japonais.

La divinité Inari (Photo: Wikipédia)

Ce conte rappelle le vol de grains de riz à Kara (Chine) par le dieu Inari-sama qui les avait cachés dans un roseau, transformé en bâton de pèlerin, avant de les introduire au Japon.

Chaque vie compte

Concluons en laissant, une nouvelle fois, ma grand-mère nous donner quelques belles leçons de la vie sur l’importante contribution des animaux à l’avènement du riz sur terre : « Chaque être animé, pourvu ou non de conscience et d’âme, constitue un acteur indispensable à la bonne marche de l’Univers. Chaque vie, la plus petite soit-elle, qu’elle soit une fourmi ou un poisson slat, compte et peut être utile, vitale même, à un moment donné, à une autre, pourtant plus puissante, plus riche, mieux entourée ou même protégée en permanence par des anges gardiens. Gardez bien cela à l’esprit ! »

« Enfin, sachez aussi que la concorde, la générosité, le partage, la solidarité, la fraternité et l’amour, non seulement envers nos semblables humains, se révèlent toujours plus bénéfiques à tous que la vanité, l’égoïsme, l’avidité, le chacun pour soi et la haine. Tant il est vrai que, et Bouddha l’a dit et répété, dans ce monde d’impermanence, il n’y a qu’une seule certitude : la mort. Et que tout ce qui nous arrive est le résultat de nos actes (karma), passés ou actuels, qu’ils soient intentionnels ou même inconscients. Alors, profitez pleinement de la vie sans oublier de partager et de venir en aide à vos proches et à celles/ceux qui se trouvent dans les besoins », détailla Mè Gnai en apportant une touche bouddhique à ces contes qui en manquaient cruellement.

« Il y a assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoins de l’homme, mais pas assez pour assouvir son avidité », souligna d’ailleurs avec justesse Mahatma Gandhi, alors que le Dhammapada affirma, avec force, que « Jamais la haine ne cesse par la haine ; seule la bienveillance annihile la haine : ceci est une loi éternelle et immuable. »

« Vous pouvez marcher sur un arbre tombé à terre, mais n’enjambez jamais un humain à terre ! », conclut ma grand-mère en nous lançant un défi que j’ai toujours essayé de respecter depuis mon séjour à l’ombre de la Tour Eiffel : « trouver l’harmonie des contraires… »

SOURCES

Beaujard, PhilippeRiz du ciel, riz de la terre. Idéologie, système politique et rizicultures dans les « royaumes » tanala de l’IKongo (côte sud-est de Madagascar) du XVIIe au XIXe siècle, in Études rurales, n°99-100, 1985. Economies des vivres, vies
de l’économie. pp. 389-402, in https://www.persee.fr/docAsPDF/rural_0014-2182_1985_num_99_1_3111.pdf

China : On the origin of rice. Myths, history, and folklore, in https://www.earthstoriez.com/myths-history-folklore-rice-china/

Dejvongsa, Soulang – ສັດສາວາສີ່ງ ຕ່າງໆ ມັກຊັງ ມະນຸດ (Satsa Vasing Tangtang Mark Sang Manud. Les animaux ont tendance à détester les humains), Communication personnelle, mai 2021

  • Etude comparative de la culture Zhuang et Lao, Ed. S. Dejvongsa, 2019

La Fontaine, Jean de – Le villageois et le serpent, Livre VI, Fable 13, in http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/villaser.htm

La légende du riz, in http://aejjrsite.free.fr/goodmorning/gm93/gm93_LaLegendeDuRiz.pdf, 3 janvier 2009

Ninlawannapha, Rachan (traduit en anglais par Wajuppa Tossa) – Dog and Pig. Tales from the Paddy Fields: South-East Asia Folktales on Rice Culture, in https://www.seameo-spafa.org/latest-seameo-spafa-publication-view-and-download-for-free/

Taro, Made – Yellow Rice. A folktale from Bali, Indonesia.  Tales from the Paddy Fields: Southeast Asia Folktales on Rice Culture, in https://www.seameo-spafa.org/latest-seameo-spafa-publication-view-and-download-for-free/

Kasajizo – Japan folklore: the old man, the rice et the mice, in https://japanfolklore.blogspot.com/2008/08/kasajizo.html

Perrier, Anne – Le riz, Luminessens, Quête spirituelle à Grenoble, 28/03/2017, in https://www.luminessens.org/post/2017/03/28/le-riz

ນີທານໝາເກົ້າຫາງ (Nithane Mâ Kâo Hang – Conte du chien aux neuf queues), in

ນິທານນົກປີດ (Nithane Nok Pid – Conte de la rossignol), in

ນິທານຄົນກັບຄວາຍ (Nithane Khonh Kab Khuai – Conte l’homme et le buffle), in https://www.youtube.com/watch?v=-xtNn0TTV_A

A propos laosmonamour

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